La danse de la profanation

Les putti donnaient vie aux architectures, églises et palais baroques. 

« Innocences » charnues voletant de mur en mur, symboles de l’Amour, références limpides aux Cupidons et autres Eros de l’antiquité, angelots joufflus, ces « Amours », se donnent l’occasion d’apparaître dans leur vérité qui éclate comme démonstration du mensonge ou , vérité qui éclate comme démonstration du mensonge, ou, plus subtilement, comme l’art de dire, sans mentir, le contraire du vrai. Innocences contrariées, ces êtres affirment néanmoins leur caractère spirituel d’un coup d’ailes, fournissent l’absolution en discount et s’autorisent du vieux Méphistophéles dans l’activation des penchants faustiens de l’humanité. Que dire d’autre à leur propos, sinon que la forme aimable qu’on leur donne  n’enlève rien à leur venin ni à la force de leurs maléfices dont le premier sera l’illusion de l’Amour.

Nous avons aussi retrouvé la trace du jeune Manneken Pis qui, entre temps, est devenu adulte, un rude gaillard qui s’est laissé pousser les cornes. Nous le nommerons, en flamand toujours, Duivel Pis.

Après avoir nivelé le monde des valeurs grâce à « la danse de Profanation », le Putto adulte achève son positionnement de destruction du monde antérieur par ce geste de rejet et d’expulsion : il urine au ciel. Notons que le mot urine est l’anagramme de ruine, mais aussi de nuire et contient toutes les lettres du verbe NIER, ce qui nous ramène aux mots que Goethe met dans la bouche de Méphistophéles :      

                                    « JE SUIS CELUI QUI TOUJOURS NIE »           

Le Duivel Pis gagne sa subsistance en « performant » (au sens de l’art contemporain) son geste  d’enfance immortalisé à Bruxelles. Le point de perversion du Putto moderne – (« contemporain »  serait le mot juste) – n’est jamais très loin de la frénésie de profaner, lui qui espére repartir à zéro afin de ne pas reconnaître ce qui, avant lui, était.

François Benoit.